Dans sa série de portraits consacrés aux professionnelles de l'audiovisuel, l'Institut des médias avancés a recueilli cet échange avec Lucie Treffle qui, après un BTS Audiovisuel option Son, a diversifié ses postes et expériences.
Bonjour Lucie, peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Moi c’est Lucie, j’ai 28 ans. Je suis originaire de Abbeville dans la Somme, et je suis arrivée sur Lille en 2011 quand j’ai commencé mes études à Roubaix. Je suis une grande passionnée de musique, de nature, de voyages, et de sport aussi.
Quel a été ton parcours d'études ?
Après un Bac Scientifique spécialité SVT, j’ai suivi le BTS Audiovisuel option Métiers du Son au Lycée Jean Rostand de Roubaix, puis une licence professionnelle TAIS (Techniques et Activités de l’Image et du Son, spécialité Technologies Numériques Image Son et Spectacle) à l’IUT de Lens.
Même si je n’ai pas continué dans l’audiovisuel et que j’ai préféré tenter ma chance dans le spectacle, qui est le milieu qui me passionne vraiment, faire ce BTS m’a beaucoup apporté à tous les niveaux et m’a surtout donné des bases solides de connaissances en technique, et une rigueur dans le travail. Et il n’est pas rare d’avoir à se remémorer et appliquer ses cours de vidéo par exemple ou de post-prod, surtout en événementiel par exemple ou pour des créations de spectacles ! Les cours de Discipline Littéraire et Artistique aussi (maintenant appelés Culture Audiovisuelle et Artistique) apportent beaucoup, ne serait-ce que pour notre culture mais aussi pour bien être à l’écoute des artistes ou souhaits artistiques des clients et comprendre et apprécier ce qu’on met en œuvre. On dit souvent « La technique au service de l’artistique », mais « À quoi bon la technique si on a rien à exprimer » !
Puis professionnel ?
Pendant mon année de Licence Pro, j’ai pu faire 17 semaines de stage dont 10 avec une grosse société de production locale dans 3 salles lilloises renommées. Cela m’a permis de me plonger dans le milieu du spectacle, commencer à prendre des contacts, me faire connaître, et surtout apprendre le métier et le système de l’intermittence. Cela a été très formateur car on m’a confié de vraies missions et responsabilités sur certains spectacles.
Grâce à ça, une fois mes études finies, j’ai pu commencer à travailler rapidement, principalement dans le théâtre où j’avais passé la majorité de mon stage, et faire mon premier statut en 9 mois, ce qui n’est pas trop mal il paraît !
J’ai commencé comme Road (« au cul du camion » comme on dit mais c’est essentiel pour la suite et je le fais encore parfois !) et technicienne Son et plateau. Au fil du temps, je me suis diversifiée et j’ai fait un peu de régie générale toujours dans ce même théâtre, puis de la lumière (électro) en événementiel et dans un autre théâtre à Roubaix.
Comme je suis un peu touche à tout, je ne me suis jamais vraiment spécialisée dans l’exploitation de consoles ou le calage de systèmes son par exemple. J’adore la technique, mais tout ce qui va autour m’intéresse aussi. Alors durant l’hiver 2017/2018, je suis partie 8 mois au Canada pour faire un stage de perfectionnement avec l’OFQJ (Office Franco Québécois de la Jeunesse). J’ai alors travaillé pendant 6 mois pour le Festival Art Souterrain à Montréal, qui est un festival d’Art contemporain, qui a lieu pendant un mois le long d’un circuit de 5km dans les souterrains de la ville, présentant des expos photos, des installations vidéos et sonores, des performances... gratuitement dans l’espace public. En tant qu’adjointe aux opérations, je m’occupais de la logistique de l’événement, de l’acheminement des œuvres aux plannings de montage et démontage, en passant par la gestion des bénévoles et du travail d’installation sur le terrain. De retour en France, j’ai repris mes jobs en technique mais j’ai aussi commencé à faire de la régie accueil artistes en promo locale, et des missions d’assistante de production en festivals. Cette diversité d'expériences me donne une vision globale de la chaîne de production et de la logistique d’un événement.
Quels sont les enjeux de ton métier ?
Cela peut s’appliquer à d’autres domaines et métiers bien sûr, mais les métiers techniques demandent toujours de suivre les nouveautés. De manière générale, un bon technicien doit bien connaître le matériel qu’il utilise ou peut rencontrer. Et dans ce milieu, il faut toujours faire ses preuves, personne n’est irremplaçable. Il faut avoir à la fois des compétences techniques, mais aussi sociales. On travaille souvent en équipe, parfois dans des conditions stressantes, difficiles climatiquement, ou avec peu de temps... alors bien s’entendre avec ses collègues et pouvoir compter l’un sur l’autre est important !
En parallèle, il faut aussi savoir être autonome et également avoir une certaine forme physique pour les métiers plus techniques. Ce sont souvent des journées longues, on marche beaucoup, et on manipule du matériel lourd. De mon côté, ce choix de la polyvalence que j’ai fait nécessite aussi beaucoup d’apprendre en permanence. Occuper de nouveaux postes pour lesquelles ont a pas vraiment été formée et pour lesquels on a pas encore d’expérience peut être un challenge.
Quels sont les 3 conseils que tu donnerais aux passionnées qui souhaiteraient en faire leur métier ? Bien sûr il faut des connaissances et être sérieux.se, mais c’est surtout un métier de contacts. Le CV est important mais il faut aller chercher le travail, se faire connaître, tout le temps. Le travail ne vient pas à nous. On dit souvent qu’il faut être « au bon endroit au bon moment » pour rencontrer les gens et qu’il faut savoir où saisir les opportunités. Mais ce n’est pas en restant chez soi que ça arrive ! Alors si je devais résumer 3 conseils pour des passionnées comme moi qui aimeraient en faire leur métier, je dirais :
- Investis-toi à fond dans les stages, ce sont de très bonnes portes d’entrée. Et je ne prône pas spécialement le bénévolat, même s'il reste essentiel pour certains événements, mais l’été par exemple, beaucoup de festivals ou événements font appel à des jeunes pour différents postes et missions. Des associations aussi recherchent souvent des jeunes motivés pour des captations vidéos par exemple, ou du renfort technique. Ces expériences peuvent servir de références par la suite, elles t’apprennent des choses et montrent aussi ta motivation.
- Bouge-toi ! Va dans les salles du coin voir les concerts, dans les festivals, sur les événements, va : voir le matériel utilisé, rencontrer les techniciens, prendre des contacts, te montrer, sonner à la porte des prestataires. Envoyer un CV par mail donne rarement quelque chose, pour ne pas dire jamais !
- Au début, ne refuse aucun plan. Comme je l’ai dit on commence quasi toujours comme Road ou assistant. Les opportunités d’appliquer ce que tu as appris à l’école et avoir des responsabilités arrivent plus tard. Mais c’est comme ça que tu commences à rencontrer du monde et faire tes preuves. Et de toute façon tu as besoin de faire des heures !
Quelles parties de ton travail aimerais-tu faire évoluer par la suite ? J’ai découvert un peu la tournée en début d’année, c’est un peu particulier mais ça permet de découvrir différentes salles, et aussi de comprendre ensuite les technicien.nes de tournées qu’on accueille en local. J’aimerais donc pouvoir continuer ça, en technique pourquoi pas car j’aime toujours autant ça, et j’aime être vraiment « sur le terrain ».
Mais aussi, j’aimerais beaucoup développer mes expériences et aptitudes dans la prod, la logistique d’événements, travailler davantage sur les festivals, avec pourquoi pas des missions de plus longue durée pour suivre tout le processus.
Mon rêve ultime serait de parcourir la France en tournée (peut-être pas tout le temps mais au moins une fois !), et l’été, écumer tous les festivals possibles !
Peux-tu nous parler d'Unkind Music, l'association que tu as développé ? En parallèle, je gère une asso que j'ai créé il y a 4 ans avec laquelle on organise des rencontres pour musicien.nes avec Jams, des apéros de réseautage du milieu musical local, des salons de présentation de start-ups, artisans, collectifs, labels... des soirées Live. On développe aussi actuellement un "incubateur" de groupes pour de l'accompagnement, de la simple gestion administrative à un suivi plus complet.
On a aussi d’autres projets, toujours dans l’idée de mettre en avant la scène locale. Cela demande pas mal de temps et de travail, alors être intermittente est souvent un avantage pour ça, en plus des contacts et connaissances que ça apporte pour la concrétisation des idées et la réalisation des événements. Les collègues sont aussi souvent un public intéressé par nos actions. Le réseau du BTS est aussi très utile. Après 2 ans de formation, on repart aussi avec un réseau de vidéastes, photographes, musicien.nes ou même fondateur.trices de leur propre studio d’enregistrement... et qui sont souvent motivé.es pour aider ou à qui on peut apporter du travail ! Suivez l'actualité d'Unkind Music
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