Dans cette série de portraits, l'Institut des médias avancés part à la rencontre de vidéastes talentueux et passionnés qui ont développé leur communauté via YouTube.

Bonjour Benjamin, peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Sur internet, on me connaît sous le nom de Tolt. J'ai 29 ans, je suis réalisateur spécialisé dans le voyage et cumule aujourd'hui plus de 13M de vues sur mes vidéos. Comment ta passion s’est transformée en chaîne Youtube ?
Au tout début, lorsque je me suis lancé, je m'inspirais principalement des créateurs sur Vimeo. C'est un peu le YouTube des professionnels de l'audiovisuel donc on y trouve généralement du contenu de bien meilleure qualité. Je voulais vraiment être réalisateur, pas forcément YouTubeur. Mais un jour un journaliste du Point m'a demandé si ma vidéo sur l'Iran pouvait également être hébergée sur YouTube, afin qu'il l'intègre à l'article qu'il allait écrire à propos de cette dernière. J'ai évidemment accepté et c'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à publier sur YouTube. Mais ça a mis plusieurs mois avant que je décide vraiment de développer ma chaîne. Je n'étais vraiment pas dans une démarche de parler de moi, faire des face caméras etc. comme beaucoup de YouTubeurs. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence. L'audience sur YouTube est nettement plus large et c'est plus facile de financer des projets, trouver des sponsors via cette plateforme. Comment définirais-tu ton style ?
Il est en perpétuelle évolution, au rythme de mes envies, de mes sources d'inspiration et de ma sensibilité artistique (qui évolue forcément avec l'âge). Mais je pense que ce qui ne change pas c'est cette approche à la fois humaine et cinématographique. J'essaye de faire en sorte que la qualité visuelle ne se fasse pas au détriment de l'authenticité et de la proximité avec les gens que je rencontre en voyage. Souvent, les clips publicitaires de tourisme offrent de belles images mais ne permettent pas de se projeter, de se dire "ça c'est une expérience que je pourrais vivre". C'est bien de faire rêver avec de beaux paysages filmés au drone, des hôtels somptueux et des mannequins aux corps de rêve mais si on se contente de cela, ça devient souvent lisse et sans caractère. Pour moi, le voyage, c'est avant tout des rencontres, des galères, des fous-rires, quelques frayeurs... C'est d'abord une expérience humaine, qui va bien au-delà du cliché Instagram. Avec quels matériels / logiciels travailles-tu au quotidien ?
J'ai commencé avec un Canon 600D puis je suis passé chez Sony il y a 3 ans. Je voulais passer sur du matériel plus compact et mieux adapté à la vidéo. J'ai commencé avec un Alpha 6300 et maintenant je tourne principalement à l'A7III. Concernant les logiciels, j'utilise la suite Adobe : Premiere, After Effects, Lightroom et Photoshop. Premiere pour le montage, l'étalonnage et le design sonore (lorsque c'est moi qui le fais), After Effects pour retravailler certaines transitions complexes ou ajouter des animations de texte par exemple et Lightroom pour retoucher les timelapses et hyperlapses. Quelles sont tes sources d'inspiration ?
Des créateurs découverts sur Vimeo que je suis depuis le début (et qui pour certains m'ont donné envie de faire ce métier) : Vincent Urban, Brandon Li, Sebastian Linda, Oliver Astrologo... Peux-tu nous parler de ta série docu "Sur le terrain !" ?
Cela fait un moment que je veux créer du contenu plus engagé sur la question environnementale. Donc j'ai eu l'idée de créer une web-série optimiste qui met en lumière tous les gens qui se battent pour sauver la vie. L'idée de départ était de faire un Rendez-vous en terrain militant inspiré de la superbe émission Rendez-vous en terre inconnue, en proposant pour chaque épisode à un YouTubeur ou une YouTubeuse de venir en immersion au sein de l'organisme militant. Le teaser explique assez bien le concept je trouve. Mais je suis actuellement en train de remettre ce modèle en question car cela complique énormément les choses au niveau organisationnel et le rôle de chaque incarnant (moi et l'invité) manque probablement de clarté.
Enfin, quels sont les 3 conseils que tu donnerais aux jeunes filmmakers ?
De ne pas trop se focaliser sur la technique et le matériel. YouTube nous inonde de vidéos 8k Epic B-roll, de gear reviews... et c'est un vrai désastre ! Les mecs sont très forts techniquement, je ne le conteste pas. Mais même si raconter des histoires qui ont du sens n'a jamais été le fort de YouTube, là c'est devenu un art d'essayer de masquer la vacuité d'une vidéo avec des effets et des mouvements de caméra inutiles.
Plutôt que de passer sa vie à regarder ce genre de vidéos :
1/ Écris une histoire : pose tes idées sur papier, lis des bouquins sur l'écriture de scénario et écris ! Fais-toi aider si l'écriture n'est pas ton fort. Mais avant de tourner, c'est important de savoir ce que tu veux raconter.
2/ Essaye de raconter cette histoire de la meilleure façon possible avec ce que tu as sous la main. Inutile d'attendre d'avoir la dernière caméra ou le dernier stabilisateur sauf si c'est vraiment nécessaire. Le matériel doit se mettre au service de ton histoire, pas l'inverse. Mais se débrouiller avec les moyens du bord, c'est aussi un moyen de stimuler ta créativité.
3/ Et recommence ! Le meilleur moyen d'apprendre c'est de faire, de se tromper et d'en tirer les conclusions.
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