Dans sa série de portraits consacrés aux professionnels de l'audiovisuel, l'IMAAT a recueilli cet échange avec Thibaut Javoy, ingénieur du son et manager du Red Bull Music Studio à Paris.
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Thibaut JAVOY, j’ai 45 ans et je suis ingénieur du son et compositeur. Je vis et travaille à Paris depuis plus de 25 ans maintenant. J’ai longtemps été intermittent du spectacle, mais depuis 7 ans j’ai monté ma société Pavillon Music.
Quel a été ton parcours ?
J’ai commencé le saxophone à l’âge de 7 ans avec des cours au Conservatoire, suivis à 14 ans par des cours de jazz et d’improvisation.
Après un bac électronique, je rentre à l’ISTS (Institut Supérieur des Techniciens du Son, groupe ESRA), pour suivre 3 années de formation du son.
A la sortie de ces études, je suis engagé à NovaProd comme assistant ingénieur du son. J’y fait mes armes et gravis les échelons, pour devenir ingénieur du son.
Parallèlement, je compose des habillages sonores, notamment pour Arte ou TV5 Monde.
Décidant de me mettre free-lance en 2002, je deviens collaborateur privilégié de Keren Ann, avec qui j'enregistre Sylvie Vartan, Emmanuelle Seigner, Etienne Daho ou Iggy pop.
En 2010 je monte un studio pour Philippe Cohen Solal (Gotan Project), avec lequel je fais différents projets, dont un album pour Salif Keita au Mali.
En 2013 je prends la direction du studio Red Bull Paris, où je côtoie nombre d’artistes, de Keziah Jones à ParaOne, en passant par Sebastien Tellier ou encore Yuksek.
2017 sera une année à Venise, pour tenir le Studio Venezia, œuvre de l’artiste Xavier Veilhan pour la Biennale de Venise, où j'ai la chance de pouvoir travailler avec Brian Eno, Thurston Moore, Nigel Godrich ou encore Chassol.
De retour à Paris en 2018, je déménage le Studio Red Bull à la Gaîté Lyrique et enregistre depuis des artistes urbains, tels Nemir, Lord Esperanza, Seth Gueko ou encore West Side Gunn.
Je consacre également mon temps libre à mes expérimentations sonores, mélange de saxophone et de musique électronique ambient, d'où sortiront 3 EPs, "PRS", "OutreCuivre" et "VNZ". Quelles ont été tes sources d'inspiration ?
Petit j'emprunte en cachette le magnétophone de mon père, pour enregistrer mes sœurs. Je pense que ma vocation était toute trouvée ! J’étais également fasciné par les images d’artistes en studio et tous les boutons des consoles. Dès la fin du collège, je savais que je voulais devenir ingénieur du son et je me suis donné les moyens pour le devenir. Quels sont tes enjeux professionnels aujourd'hui ?
Aujourd’hui des nouvelles technologies apparaissent, et nous sommes à l’aube d’une nouvelle expérience d’écoute, immersive. Pour mon métier d’ingénieur du son, c’est une révolution, comme l'a été le passage du mono au stéréo. Je m’y implique pleinement en proposant ces nouvelles techniques aux artistes avec lesquels je travaille actuellement, dont le groupe Nova Materia. Avec quels matériels / logiciels travailles-tu ?
Au studio Red Bull, je travaille à « l’ancienne », sur une console et du matériel analogique, dont j’adore la couleur et la possibilité de toucher la matière sonore. En tant qu’ingénieur du son je travaille sur Pro Tools, et sur Ableton Live pour la partie composition. Pour le son immersif j’utilise des outils développés par l’Ircam ou Dolby Atmos. Quelle est ta plus belle victoire professionnelle à ce jour ?
Mon expérience à Venise était incroyable et restera pour moi l’un de mes plus beaux souvenirs professionnels, où j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec quelques de mes idoles. Quels sont tes 3 conseils aux jeunes étudiants en son ?
1/ Croire en ses rêves et se donner les moyens de les concrétiser.
2/ Être curieux, inventif, passionné.
3/ Se créer un réseau, faire des rencontres et rester humble.
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